ACV Sociale

Notre planète est menacée par le changement climatique, causé par l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre (GHG). La responsabilité des activités humaines est engagée. On ne peut pas mesurer les émissions de GHG partout, parce qu’elles sont issues de multiples sources. Ce n’est pas une raison pour abandonner cette idée. Les ingénieurs ont inventé des méthodes d’évaluation indirectes. L’analyse chimique de n’importe quel combustible révèle combien de GHG relâche sa combustion dans l’atmosphère. Il en est de même pour tous les matériaux utilisés dans les processus de production industrielle.

L’évaluation environnementale du cycle de vie (ACV-E) 

Si l’on archive toutes ces indications dans une base de données, et que l’on connaît la quantité de chaque matériau qui sera brûlée durant la fabrication, on déduira la quantité de GHG générée. On peut procéder de même pour les autres substances entrant et sortant du système. Ceci a été fait depuis la pousse du pied de tomate au champ et l’extraction de l’aluminium dans la mine, jusqu’à la mise à disposition d’une boîte de conserve de tomates au supermarché. La méthode qui permet d’effectuer un tel calcul s’appelle une ACV (analyse du cycle de vie) aussi nommée Ecobilan. Elle concerne tout ou partie des étapes de la fabrication, de l’usage et du recyclage d’un produit (étapes qui décrivent le « cycle de vie » du produit, d’où le nom de la méthode). Elle permet de quantifier les conséquences potentielles de l’existence du cycle de vie, en termes de dégâts écologiques. L’intérêt est de comparer diverses solutions pour obtenir un même service rendu, en termes de leurs impacts écologiques.

L’évaluation sociale du cycle de vie (ACV-S)

Mais les effets écologiques ne sont pas les seuls qui intéressent les décideurs publics ou privés. D’où l’idée d’élaborer une méthode comparable à l’ACV-E, mais pour estimer les effets sociaux. Le terme « ACV sociale » est né dans les années 1995, sans avoir de contenu consensuel précis. Le but de l’ACV sociale est de quantifier les conséquences sociales causées par le fonctionnement de tel ou tel cycle de vie, et par les changements intervenants dans ce cycle.

A partir de 2006, des auteurs ont commencé à proposer des chaînes de causalité, pour calculer les conséquences sociales de changements dans les cycles de vie. En parallèle, d’autres se sont investis dans l’estimation des performances sociales des entreprises qui composent le cycle de vie. C’est l’ensemble de ces travaux en mouvement qui constitue le champ de l’évaluation sociale du cycle de vie.

Experts

Catherine Macombe : chercheuse à l'INRAE, ingénieur agronome, ingénieur des Ponts des Eaux et Forêts, et docteur HdR en sciences de gestion. Depuis 2009, elle travaille au développement de méthodes d'évaluation des impacts sociaux causés par des changements dans les cycle de vie, et s'intéresse spécialement à l'évaluation des impacts sociaux par anticipation (ACV sociale de type II). Les domaines d'application privilégiés sont les secteurs de l'agriculture, de la biomasse, et les effets économiques et sociaux de la transition agroécologique en agriculture.

Denis Loeillet : chercheur au Cirad, ingénieur agronome, il est le représentant du Service des nouvelles du marché (ODMi) du Cirad qui fait de l'expertise sur les marchés des fruits et légumes. Il est également chercheur en analyse sociale du cycle de vie, et spécifiquement investi dans la recherche sur les effets économiques et sociaux de la transition agroécologique en filières banane. Depuis 2020, il est le correspondant du Cirad pour les filières banane dessert et banane plantain.

Romy Lynn Chaib : doctorante, ingénieur agronome spécialisée dans le développement et la gestion des territoires. Après plusieurs stages portant sur la durabilité des chaînes de valeur, elle prépare à l'INRAE un doctorat en génie des procédés sur la prospective de filière et l'évaluation des impacts sociaux dans les chaînes de valeur agroalimentaires, en utilisant à la fois l'argumentation multicritère (logiciel MyChoice de l'INRAE) et l'ACV sociale de type II. Elle travaille également sur l'adaptation des méthodes prospectives au travail à distance.

Anaïs Falk : doctorante, ingénieur agronome qui a travaillé sur l'évaluation économique de la production de bananes d'exportation dans les Antilles françaises. Elle a également réalisé une évaluation multicritère dans le secteur du café au Laos. Elle prépare actuellement dans l'entreprise Vitropic un doctorat en sciences de gestion sur l'évaluation de l'impact social (niveau de vie et conditions de travail) de mesures développées dans les plantations de bananes, avec un double encadrement du Cirad et de l'INRAE.